Le Mercosur et l'UE signent un accord de libre-échange
L'Union européenne et le Mercosur ont conclu un accord commercial historique qui promet de remodeler les liens économiques entre l'Amérique du Sud et l'Europe. Initialement conclu en 2019, l'accord a nécessité plus de deux décennies de négociations et a finalement été ratifié par les deux blocs vendredi. L'accord couvre un marché de plus de 780 millions de consommateurs, ce qui en fait la plus grande zone de libre-échange au monde.
Ursula Von der Leyen et les quatre Chefs d’État du MERCOSUR le 7 décembre à Montevideo, Uruguay. Photo Ricardo Stuckert
Actuellement, l'UE est le deuxième partenaire commercial du Mercosur en termes de biens , après la Chine et devant les États-Unis. L'UE a représenté 16,9 % du total des échanges du Mercosur en 2023. Le Mercosur est le dixième partenaire commercial de l'UE en termes de biens.
Les exportations de l'UE vers le Mercosur comprennent des machines et des appareils électroménagers (26,7 % des exportations totales), des produits chimiques et pharmaceutiques (25 %) et du matériel de transport (11,9 %).
Le stock d’investissement accumulé de l’UE est passé de 130 milliards d’euros en 2000 à 384,7 milliards d’euros en 2022.
Points clés à retenir
L’accord pourrait apporter des gains économiques dans des secteurs clés :
Agriculture : Le secteur agricole du Mercosur bénéficiera grandement de l'élargissement des quotas d'exportation de bœuf, de soja et d'éthanol vers l'UE. Le Brésil à lui seul prévoit une croissance des échanges commerciaux de 7 milliards de dollars au cours des premières années.
Fabrication et technologie : les industries européennes, notamment celles de l'automobile, des machines et de la haute technologie, bénéficient d'un accès préférentiel aux marchés d'Amérique du Sud, renforçant ainsi leur avantage concurrentiel face aux fournisseurs chinois.
Énergies renouvelables : l’accent mis par l’UE sur la durabilité offre des opportunités de collaboration dans des projets d’énergie verte, en phase avec l’intérêt croissant du Mercosur pour les investissements solaires et éoliens.
Produits pharmaceutiques : les entreprises pharmaceutiques européennes sont prêtes à étendre leur présence dans les pays du Mercosur, répondant ainsi à la demande croissante en matière de soins de santé.
Défis restants
L’accord doit encore être ratifié par tous les États membres pour être mis en œuvre et plusieurs obstacles majeurs subsistent :
Durabilité et conformité : l’UE exige du Mercosur qu’il se conforme à des lois environnementales strictes, notamment des chaînes d’approvisionnement sans déforestation. Le Brésil a déjà réduit la déforestation en Amazonie de 50 %, mais les critiques affirment que l’augmentation de la production tout en adhérant à ces normes reste un obstacle important.
Résistance politique : l’opposition en Europe, notamment en France, se concentre sur les inquiétudes concernant la concurrence déloyale pour les agriculteurs de l’UE et les impacts environnementaux de l’augmentation des importations agricoles.
Contexte géopolitique : l’accord vise à réduire la dépendance à l’égard de la Chine, mais la résistance à la mondialisation dans les deux régions ajoute de la complexité à la ratification et à la mise en œuvre.
Cet accord commercial historique pourrait redéfinir les relations entre l’UE et l’Amérique latine, en favorisant une intégration plus poussée tout en mettant à l’épreuve les engagements en matière de durabilité et de pratiques commerciales équitables. Compte tenu des défis à relever pour sa mise en œuvre, son succès dépendra de sa ratification et du respect des normes convenues.