Equateur : revers politique pour Guillermo Lasso
Les résultats des élections locales et du referendum qui se sont tenus ce dimanche apparaissent comme un échec politique majeur pour le président.
Le referendum national et les élections locales qui se tenaient ce dimanche 5 janvier en Equateur ont rendu un verdict amer pour le président Guillermo Lasso.
Les élections de dimanche ont livré des résultats inattendus puisque le parti du président Guillermo Lasso “CREO” n'a remporté aucune province dans le pays. Au contraire, le parti Revolution Citoyenne (Revolucion Ciudadana) de l’ex-président Rafael Correa, a remporté de nombreuses municipalités et préfectures, dont la capitale Quito ainsi que Guayaquil, les deux plus grandes villes du pays. À Guayaquil, la victoire d'Aquiles Alvarez, un proche de Rafael Correa, marque la fin d'un règne de 31 ans pour la droite.
Le parti de gauche indigéniste Pachakutik realise lui aussi un bon score dans ces élections avec quelques victoires importantes localement. Globalement, les résultats de ces élections représentent une vraie défaite pour Guillermo Lasso et un basculement politique du pays à gauche.
Les élections de ce dimanche étaient aussi l’occasion pour les Equatoriens de se prononcer sur un référendum constitutionnel. Celui-ci soumettait huit propositions aux Equatoriens sur différents sujets : réduire le nombre de députés, étendre les prérogatives de l’armée en matière de lutte contre le narcotrafic, faciliter l’extradition d’Equatoriens condamnés pour crime organisé, ou encore améliorer la transparence démocratique. Guillermo Lasso, à l’initiative de ce référendum, souhaitait ainsi contourner le Congrès où il n’a pas la majorité nécessaire pour faire passer certaines réformes. Les sondages semblaient indiquer qu’une grande partie des Equatoriens était favorable à la plupart des propositions du referendum. Mais les résultats de dimanche indiquent une victoire du “non” sur toutes les propositions soumises à consultation.
Les résultats des élections résonnent comme une vraie sanction à l’égard du gouvernement alors que le président souffrait d’un taux d’approbation très bas à 15% fin janvier et comptait sur ce vote pour remonter dans les enquêtes d'opinion. Il a reconnu lundi soir l’échec du referendum et a appelé à un “grand accord national” pour résoudre les problèmes du pays. Mais pour certains analystes, les résultats de ces élections locales montrent à quel point les Equatoriens n’ont plus confiance dans le gouvernement national et comptent d’avantage sur les échelons locaux pour s’occuper de leurs problèmes du quotidien : l’insécurité, l’emploi et la santé.
Élu en 2021, Guillermo Lasso, ancien banquier d’affaires, avait débuté son mandat sur un bilan relativement positif, en accélérant la vaccination contre le covid-19 dans le pays (l'un des plus durement touchés par la crise sanitaire en Amérique latine) et en atteignant différents objectifs économiques dans le cadre d’un prêt du FMI. Mais la crise qu’a traversé le pays à l’été 2022 a fortement érodé la réputation du président. Impactés par l’inflation et protestant contre des projets d’exploitation minière, une partie des Equatoriens et notamment les communautés indigènes avaient manifesté pendant plusieurs semaines contre le gouvernement. De plus, l’insécurité liée au narcotrafic est devenue en 2022 une des principales préoccupations des Equatoriens.
Les résultats des élections de dimanche apparaissent comme un désaveu pour le président, qui se retrouve plus isolé que jamais politiquement. La victoire des partis de gauche marque un basculement politique et pourrait être annonciateur d’un retour de Rafael Correa sur le devant de la scène ou au moins en coulisses. L’ex-président, qui s’est exilé en Belgique en 2018 et qui fait l’objet de plusieurs condamnations pour corruption en Equateur, garde en effet une influence significative dans la vie politique de son pays. Mais son retour aux affaires paraît difficilement envisageable étant donné les condamnations à son encontre.
Dans le reste de l’actualité
Argentine 🇦🇷
Le Fonds Monétaire International prévoit une croissance de 2% pour l’Argentine en 2023, selon des estimations publiées la semaine dernière. Le FMI précise que cette projection dépend fortement des capacités du gouvernement à trouver le bon équilibre financier pour réduire l’inflation tout en honorant ses dettes. Les représentants du FMI ont souligné l’importance pour l’Argentine de respecter les objectifs fixés dans le cadre du plan de remboursement.
L’Argentine a connu une inflation de 94,8% en 2022 et le gouvernement prévoit qu’elle s’établisse à 60% en 2023. L’Etat argentin doit rembourser 16,4 milliards de pesos d’ici septembre 2023. Une échéance qui pourrait être instrumentalisé dans la campagne politique qui s’ouvre, en amont des élections présidentielles en octobre.
IMF presses Argentina on targets, forecasts 2% GDP growth for 2023
Buenos Aires Times, 1er février 2023
Brésil 🇧🇷
Olaf Scholz était en visite diplomatique en Amérique du sud la semaine dernière. Le chancelier allemand s’est rendu en Argentine, au Chili et au Brésil, où il a rencontré les présidents de ces pays ; ce afin de développer les relations commerciales mais aussi pour appeler la région à soutenir plus franchement l’Ukraine et ses alliés européens dans la guerre contre la Russie qui a débuté il y a bientôt un an.
Si les présidents de l’Argentine et du Chili ont renouvelé leur condamnation de la guerre provoquée par la Russie, Lula n’a pas été aussi explicite. Le président brésilien a déploré l’invasion russe mais a affirmé que le Brésil ne souhaitait pas s’immiscer dans ce conflit, refusant de fournir des munitions à l’Ukraine pour les canons anti-aériens allemands “Gepard”.
Brazil's Lula cold-shoulders Germany's Scholz on Ukraine support
Reuters, 31 janvier 2023
Mexique 🇲🇽
Les performances de l’économie mexicaine ont dépassé les prévisions en 2022. Selon l’institut national de statistiques, le Mexique a connu une croissance de 0,4% sur le dernier trimestre 2022 (contre une prévision de 0,3%) et de 3,5% par rapport au quatrième trimestre 2021. Sur cette période, l’économie mexicaine a profité du dynamisme des secteurs agricole (+6,6%), manufacturier (+3%) et des services '(+3,4%).
Le Mexique résiste pour l’instant à un contexte international défavorable et au risque d’une récession aux Etats-Unis, ce grâce au maintien de la consommation et de l’investissement privé. Les analystes soulignent aussi l’importance du nearshoring1 au Mexique, qui constitue un facteur de croissance de plus en plus important pour l’économie du pays. Le FMI a relevé sa prévision de croissance pour le Mexique en 2023, passant de 1,2% à 1,7%
Mexico’s Economy Beats Growth Expectations Ahead of Likely Slowdown
Bloomberg, 31 janvier 2023
Pérou 🇵🇪
Le gouvernement péruvien a étendu de 60 jours l’état d’urgence en vigueur depuis début janvier, alors que le pays est toujours dans une impasse politique depuis début décembre.
La semaine dernière, le Congrès péruvien a rejeté une première proposition du gouvernement de Dina Boluarte pour organiser des élections anticipées en avril 2024. Dans la foulée, la présidente à présenter un nouveau projet de loi visant à avancer ces élections à la fin de l’année 2023 et prévoyant un référendum sur une assemblée constituante, là aussi rejeté par le Congrès.
La pression s’accentue à la fois sur la présidente et sur le Congrès, qui campent sur leurs positions. Suite à l’échec de ces propositions au Congrès, de nouvelles manifestations ont eux lieues à Lima en fin de semaine dernière.
Boluarte presiona al Congreso para adelantar a octubre las elecciones y atajar las protestas en Perú
El País, 30 janvier 2023
Région 🌎
Washington a annoncé ce lundi qu’un plan d’investissement de 950 millions de dollars US serait déployé sur les prochaines années afin de favoriser le développement économique en Amérique centrale. Ces investissements, concédés en partenariat avec plusieurs entreprises privées américaines, se feront dans de nombreux domaines tels que l’alimentation, l’agriculture, l’énergie, l’inclusion digitale, l’éducation et la santé.
L’objectif de Washington sur le long terme est d’améliorer les conditions économiques au Honduras, au Salvador et au Guatemala, afin de réduire in fine, l’immigration provenant de ces pays. Plusieurs initiatives dans ce sens ont déjà été entreprises par l’administration de Joe Biden depuis 2021 et ce plan d’investissement confirme la volonté du président américain d’adopter une stratégie moins coercitive sur la question migratoire.
White House targets economic development in Central America to reduce migration
New Hampshire Bulletin, 6 février 2023
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Le nearshoring consiste à délocaliser des capacités de production au plus près du marché de consommation. Au Mexique, de nombreuses entreprises étrangères viennent s’installer à la frontière pour accéder facilement au marché américain.