Rencontre entre AMLO et Joe Biden sur l’inflation et l’immigration
Le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO), s’est rendu à Washington le 12 juillet dans le cadre d’une visite diplomatique.
Le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO), s’est rendu à Washington le 12 juillet dans le cadre d’une visite diplomatique. Une rencontre importante pour les deux chefs d’Etat qui visait à traiter des enjeux migratoires mais aussi à apaiser certaines tensions.
Lors de cette visite, AMLO a souligné le besoin d’une réponse commune de la part des deux pays à l’inflation et en particulier la hausse du cours du pétrole. De plus, les deux présidents ont annoncé un renforcement de la coopération bilatérale sur les questions migratoires et notamment pour offrir une meilleure protection aux travailleurs mexicains qui traversent la frontière tous les jours. Le président mexicain s’est également engagé à investir 1,5 milliard de dollars en infrastructures le long de la frontière avec les Etats-Unis. Une force spéciale sera également créée pour lutter contre le trafic de stupéfiants, en particulier le fentanyl.
La rencontre diplomatique avait lieu un mois après la tenue du Sommet des Amériques à Los Angeles ; un Sommet boycotté par le Mexique qui dénonçait le fait que certains pays (Cuba, Venezuela, Nicaragua) ne soient pas invités par Washington.
Le boycott du Mexique a révélé les tensions qui existent entre AMLO et Joe Biden, dont la relation n’a pas bien débuté, contrairement à ce que l’on pouvait prédire. Sous l’administration Trump, Washington avait quelque peu forcé la main du président mexicain sur les sujets commercial (renégociation de l’ALENA) et migratoire (menaces de sanctions si les flux n’étaient pas mieux controlés). L’élection de Joe Biden devait annoncer une relation plus apaisée entre deux pays très liés économiquement. Mais si le ton a changé du côté de Washington, les positions des deux camps n’ont pas vraiment évolué jusque-là. Néanmoins, cette rencontre diplomatique semble avoir amorcé un dialogue constructif entre les deux chefs d’Etat. Les deux présidents ont porté une attention particulière à renforcer la coopération bilatérale face à une vague d’immigration sans précédent.
Le contrôle des flux migratoires prend en effet une place de plus en plus importante dans l’agenda des deux pays. La frontière mexicaine est le terrain d’une recrudescence des flux migratoires vers les Etats-Unis ces derniers mois. Ce sont principalement des migrants d’Amérique centrale mais aussi du Venezuela et de Cuba qui franchissent la frontière.
Deux semaines avant la rencontre entre les chefs d’Etat, ce sont plus de 50 migrants qui avaient été retrouvés morts enfermés dans un camion près de San Antonio au Texas. Un drame qui a révélé l’ampleur des risques pris tous les jours par les migrants et qui constitue la pire tragédie dans l’histoire de l’immigration sur le sol américain.
This isn’t the Trump-era of U.S.-Mexico relations. In fact, it’s wildly different.
Politico, 13 juillet 2022
Sur le même sujet :
Biden and Mexican President López Obrador discuss migration during White House meeting
CNN, 12 juillet 2022Un drame de l'immigration clandestine endeuille le Texas
Figaro, 26 juin 2022
Dans le reste de l’actualité
Argentine 🇦🇷
L’inflation en Argentine continue d’augmenter significativement. Elle a atteint 5,3% sur le mois de juin et 64% sur douze mois, selon les données de l’INDEC (l’institut national de statistiques). Les hausses de prix les plus fortes sont recensées sur l’alimentation, les carburants mais aussi l’électricité et le gaz.
Les réserves de change du pays s’amenuisent alors que les importations de gaz coûtent de plus en plus cher. Selon la banque centrale, l’inflation sur l’année 2022 pourrait atteindre 76% ; des scénarios plus pessimistes envisagent un taux d’inflation autour de 90%.
La hausse des prix provoque la colère des Argentins, alors que le gouvernement d’Alberto Fernandez a peu de marge de manoeuvre avec un endettement important, la tenue d’objectifs financiers fixés par le FMI et un contexte international qui se détériore. A peine arrivée en poste, la nouvelle ministre de l’économie Silvina Batakis est déjà sous pression pour trouver les ajustements adéquats à une situation économique qui se détériore.
Argentina inflation seen ticking up again in June on food, fuel prices
Financial Post, 12 juillet 2022
Brésil 🇧🇷
Au Brésil, l’assassinat d’un proche de Lula par un partisan de Jair Bolsonaro révèle la violence de la campagne présidentielle.
Marcelo de Arruda, le trésorier du Parti Travailliste de Lula, a été assassiné dimanche 10 juillet alors qu’il fêtait ses 50 ans, par un homme se déclarant soutien de Jair Bolsonaro. Le drame illustre la violence de la campagne présidentielle qui voit s’affronter Lula, en tête des sondages et le président sortant Jair Bolsonaro. A plusieurs reprises ces dernières semaines, les meetings de Lula ont été perturbés par des actes violents de la part de supporters de Bolsonaro. Mais l’assassinat de Marcelo de Arruda confirme une dangereuse escalade.
Les deux personnalités ont condamné l’attaque mais Jair Bolsonaro a soutenu que la violence existait dans les deux camps. La société brésilienne semble plus que jamais divisée et irréconciliable à l’approche des élections du 2 octobre.
Brazil: killing of Lula’s party treasurer raises fears of violent run-up to election - The Guardian, 15 juillet 2022
Chili 🇨🇱
Face à la chute de la valeur du peso, la Banque centrale du Chili a annoncé une intervention à hauteur de 25 milliards de dollars sur le marché des changes.
Le peso chilien a atteint un plus bas historique le jeudi 14 juillet, s’établissant à 1045,80 pour un dollar américain. La monnaie nationale est affectée par la baisse du cours mondial du cuivre, moteur des exportations et de l’économie du pays.
Chile central bank to intervene in currency market after peso slump
Reuters, 15 juillet 2022
Colombie 🇨🇴
Nouvellement élu président de la Colombie, Gustavo Petro a nommé José Antonio Ocampo ministre de l’Economie. Professeur d’économie à Yale, Cambridge, Oxford, Columbia, José Antonio Ocampo avait déjà occupé cette fonction sous le gouvernement Samper dans les années 90.
Cette nomination est un signe rassurant pour les marchés. En effet, José Antonio Ocampo est en faveur d’une diversification de l’économie et d’une sortie progressive du modèle extractiviste qui se repose principalement sur l’exploitation des ressources pétrolières en Colombie. Une des mesures phares portée par le nouveau président durant la campagne était la proposition de suspendre l’attribution de tout nouveau contrat d’exploitation pétrolière. Cette transition devrait être conduite de façon graduelle par le nouveau ministre de l’économie.
Gustavo Petro a également nominé Alvaro Leyva ministre des Relations Extérieures. Un profil là aussi “spécialiste” et “modéré” puisque Alvaro Leyva a été de toutes les négociations de paix menées par les différents gouvernements colombiens avec les groupes paramilitaires du pays, en prônant le dialogue en toutes circonstances.
Ces nominations permettent à Gustavo Petro de “désactiver” certaines de ces critiques et d’apparaître comme un président plus conciliant que lors de sa campagne. Elles devraient renforcer le soutien populaire à son encontre et rassurer les partenaires internationaux de la Colombie.
Petro y el difícil equilibrio de desactivar el antipetrismo sin defraudar a sus bases - El Pais, 5 juillet 2022
Mexique 🇲🇽
Plusieurs entreprises européennes du secteur des énergies renouvelables voient leurs activités paralysées au Mexique.
Engie (France), Enel (Italie) et Acciona Energia (Espagne) ont construit de nombreux projets photovoltaïques et éoliens au Mexique, mais ces entreprises attendent toujours une autorisation du régulateur mexicain pour les opérer. Enel a investi plus de 500 millions de dollars dans ces infrastructures au Mexique mais l’entreprise italienne attend depuis presque deux ans qu’un permit d’exploitation soit délivrée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
La situation illustre les manoeuvres du président Andrés Manuel Lopez Obrador dans le secteur de l’énergie au Mexique. Celui-ci voit d’un mauvais oeil l’arrivée d’entreprises étrangères dans le secteur énergétique. En 2021, AMLO avait fait voté la modification d’une loi permettant de garantir la priorité à des entreprises publiques sur l’exploitation des ressources hydro-électriques. Il a récemment passé une nouvelle loi garantissant le même type de priorité pour l’exploitation du lithium.
Mexico Blocks European Solar and Wind Plants to Favor State Utility - Bloomberg, 13 juillet 2022
Uruguay 🇺🇾
Amorcées en septembre 2021, les premières discussions de “faisabilité” entre la Chine et l’Uruguay pour la signature d’un accord de libre-échange se sont conclues positivement.
Le président uruguayen Luis Lacalle Pou a annoncé que les négociations formelles pouvaient désormais débuter en soulignant qu’un tel accord apporterait de nombreuses opportunités et débouchés économiques pour le pays de 3,5 millions d’habitants.
Les ambitions du président uruguayen font face à une levée de boucliers des autres membres du Mercosur (Argentine, Brésil et Paraguay), partenaires traditionnels de l’Uruguay. Selon les les traités originaux, tout Etat membre doit obtenir l’aval des autres membres s’il souhaite signer un accord de libre-échange avec un autre pays ou bloc régional. Une situation qui ne semble pas préoccuper le président Lacalle Pou pour l’instant.
Uruguay announces beginning of talks with China to reach FTA - MercoPress, 13 juillet 2022
Vu sur Twitter
Le baron de la drogue Rafael Caro Quintero, reconnu coupable du meurtre d'un agent de la DEA en 1985 a été arrêté au Mexique. Figurant sur la liste des 10 fugitifs les plus recherchés par le FBI, Rafael Caro Quintero devrait être extradé aux Etats-Unis.