Le corridor bi-océanique : autoroute stratégique entre Pacifique et Atlantique
L’Amérique du Sud s’apprête à franchir une étape majeure dans son intégration régionale et son développement logistique avec la construction du Corredor Bioceánico Vial, un mégaprojet d’infrastructure lancé conjointement par l’Argentine, le Brésil, le Chili et le Paraguay.
Tracé du corridor bi-océanique qui doit être inauguré en 2026 - Elpais.cr
Ce corridor, long de plus de 2 400 kilomètres, reliera la ville brésilienne de Campo Grande aux ports du nord du Chili (Antofagasta, Iquique et Mejillones), traversant les provinces argentines de Salta et Jujuy ainsi que le Chaco paraguayen. Son ambition est claire : connecter les océans Pacifique et Atlantique par voie terrestre et offrir une alternative logistique au canal de Panama.
Un projet stratégique pour le commerce régional
Initialement lancé en 2015 par la Déclaration d’Asunción, le projet vise à réduire les coûts de transport, stimuler les échanges commerciaux entre les pays participants, et attirer de nouveaux investissements dans des secteurs clés tels que la logistique, l’agro-industrie ou encore la production minière. Le Paraguay, par exemple, table sur une baisse de 25 % des coûts logistiques pour ses exportations de soja.
Avec un coût estimé à 10 milliards de dollars, cette initiative pourrait capter jusqu’à 40 % du trafic actuellement acheminé par le canal de Panama, notamment en réduisant les délais et les coûts liés à l’attente et au transit des navires.
Le Chili en fer de lance du projet
Du côté chilien, le gouvernement a récemment présenté son Plan d’action pour la mise en œuvre du corridor, piloté par le ministre de l’Économie Nicolás Grau et appuyé par sept autres ministères et les autorités régionales d’Antofagasta et Tarapacá.
Ce plan prévoit la réalisation de 22 projets d’infrastructure routière et portuaire : amélioration de routes stratégiques, modernisation des accès aux ports, création de ports secs pour désengorger les terminaux, et renforcement de la sécurité aux frontières, notamment au Paso Jama. Le Chili ambitionne ainsi de devenir la porte de sortie vers l’Asie pour les produits sud-américains.
Une ambition régionale à long terme
Les présidents Gabriel Boric (Chili) et Santiago Peña (Paraguay) ont récemment réaffirmé leur soutien au projet lors de leur rencontre en Uruguay, soulignant qu’il s’agit d’un levier d’intégration régionale et de développement économique durable. En Argentine, des efforts sont en cours pour harmoniser les réglementations douanières et sanitaires, un enjeu clé pour la fluidité du transit interfrontalier.
Si plusieurs défis restent à relever – notamment en matière de coordination institutionnelle et de modernisation des infrastructures – le Corredor Bioceánico Vial s’impose comme l’un des projets les plus ambitieux du cône sud. Il pourrait bien redessiner les routes commerciales du continent et offrir une véritable alternative terrestre à la voie maritime panaméenne, dont la congestion et les effets du changement climatique posent de plus en plus problème.
L’inauguration du corridor est prévue pour 2026.