Santiago du Chili : championne des bus électriques
En moins d’une décennie, la capitale chilienne est passée de deux bus électriques à l’un des plus grands parcs de véhicules électrifiés au monde, en dehors de la Chine. Une mutation accélérée par une stratégie pragmatique, des soutiens publics ciblés et une collaboration étroite avec le secteur privé.
La métropole de Santiago est le deuxième plus grand opérateur de bus électriques au monde, juste derrière la Chine
En 2017, Santiago ne comptait que deux bus électriques circulant sur son réseau de transport. En 2026, ils seront 4 400, soit près de 70 % de l’ensemble de la flotte. Ce chiffre, avancé par l’agence publique Red Metropolitana de Movilidad, positionne la métropole chilienne comme le deuxième plus grand opérateur de bus électriques au monde, juste derrière la Chine.
Un tel bond technologique et industriel en si peu de temps suscite l’intérêt des observateurs du secteur. Santiago incarne aujourd’hui un modèle de transformation rapide et coordonnée, que d'autres métropoles pourraient chercher à reproduire.
Un cadre ouvert à l’innovation technologique
L’un des piliers de cette réussite repose sur une approche volontairement ouverte vis-à-vis des fournisseurs et des technologies. Contrairement à d'autres pays qui imposent des critères de contenu local ou des normes strictes, le Chili a choisi la flexibilité. Tous les standards de recharge sont acceptés, et les appels d’offres sont ouverts à un large éventail d’acteurs, de BYD à Volvo en passant par Daimler.
« Nous ne fermons la porte à aucune technologie, peu importe leur origine, et cela a été très bénéfique pour faire jouer la concurrence », déclarait le ministre des Transports Juan Carlos Muñoz le 21 mai dernier.
Résultat : des délais d’approvisionnement réduits (6 à 9 mois pour les bus chinois), des prix compétitifs, et une multiplication des options pour les opérateurs.
Des leviers publics bien ciblés
Au-delà de l’ouverture technologique, l’État chilien a mis en place une série de mesures pour accélérer la transition. Parmi elles : des subventions à l’achat de bus électriques, l’interdiction progressive de l’acquisition de nouveaux bus diesel, et des appels d’offres fondés sur la performance environnementale et économique, plutôt que sur des critères techniques rigides.
Un modèle financier hybride
Le financement de cette électrification repose sur une innovation institutionnelle : les premiers investissements ont été réalisés par des acteurs du secteur électrique chilien, rejoints ensuite par des fonds privés via des mécanismes de leasing avec les opérateurs de transport.
Cette approche a permis de contourner les limites budgétaires publiques tout en assurant une montée en puissance rapide de la flotte électrique.
Une énergie verte en soutien
Autre facteur clé : l’évolution du mix énergétique chilien. À ce jour, environ 75 % de l’électricité produite au Chili provient de sources renouvelables – principalement l’hydroélectricité, le solaire et l’éolien. À cela s’ajoutent des projets émergents autour de l’hydrogène vert, qui pourraient à terme renforcer encore la durabilité du système.
Alejandro Schmidt, directeur technique du réseau de transport public, insiste : « Cette transition est possible grâce à une prise de risque politique assumée et une ouverture complète envers les technologies existantes et le secteur privé. »
Une source d’inspiration régionale
L’expérience chilienne démontre qu’un déploiement rapide de solutions de mobilité durable est non seulement envisageable, mais réaliste, si l’on combine vision stratégique, flexibilité réglementaire et coopération entre les secteurs public et privé.
Santiago devient ainsi une vitrine régionale de la transition énergétique appliquée aux transports. Un exemple à suivre pour d’autres grandes villes d’Amérique latine en quête d’une mobilité plus propre et plus résiliente.