Equateur : le président Lasso dissout le Parlement
Au lendemain de l'ouverture d'une procédure de destitution à son encontre, Guillermo Lasso a prononcé la dissolution du Parlement, provoquant l'organisation de nouvelles élections sous 90 jours.
Le président de l'Équateur, Guillermo Lasso, a acté la dissolution du Parlement le 17 mai dernier. Une décision prise au lendemain de l’ouverture d’une procédure de destitution à son encontre. Le président a ainsi évoqué la clause constitutionnelle appelée “muerte cruzada”.
Cette clause prévoit donc la dissolution du Parlement et l’organisation d’élections présidentielles et législatives sous 90 jours. Pendant ce laps de temps, le président pourra gouverner uniquement par décrets portant sur des thématiques d’urgence économique.
Depuis plusieurs mois, des accusations de corruption à l’encontre de son entourage avaient fragilisé le président équatorien. De plus, l’échec du référendum en février avait constitué une lourde défaite politique. Une enquête publique avait été initiée par l’opposition au Parlement, débouchant sur l’ouverture d’une procédure de destitution le 16 mai.
Le président équatorien avait déjà échappé à une destitution en juillet 2022, alors que le pays traversait une crise sociale importante, notamment à cause de l’inflation. Guillermo Lasso avait réussi à ouvrir un dialogue avec les communautés indigènes et promettait des changements structurels significatifs au travers d’un référendum. La multiplication des affaires de corruption visant son entourage proche a néanmoins fortement affecté son crédit politique.
Guillermo Lasso a justifié la dissolution du Parlement en déclarant qu’il s’agissait d’une “décision démocratique, pas seulement parce qu’elle est constitutionnelle, mais aussi parce qu’elle remet le pouvoir entre les mains des Equatoriens”. Il a également affirmé que cette décision était nécessaire pour sortir de la crise politique que traverse le pays.
Ces derniers mois, l'opposition de gauche, menée à distance par l'ancien président Rafael Correa, a été très active et critique envers le gouvernement de Lasso. Révolution Citoyenne, le parti de Rafael Correa a remporté une victoire politique majeure lors des élections locales de février, reprenant le pouvoir dans les municipalités de Quito et de Guayaquil, les deux plus grandes villes du pays.
Dès ce vendredi, Rafael Correa s’est positionné en vue des élections anticipées à venir, affirmant que son parti était prêt à reconstruire le pays et à s’attaquer aux problèmes de sécurité publique, ajoutant qu’il espérait obtenir au moins 50 sièges sur 137 au sein du Parlement. Exilé en Belgique après sa condamnation en 2020 à huit ans de prison pour des faits de corruption, l’ancien président reste un personnage influent dans le paysage politique équatorien.
Au-delà des tensions politiques, l'Équateur fait face à des défis économiques et sociaux importants. Le pays est confronté à une crise économique persistante, marquée par une dette publique élevée et des inégalités croissantes. De plus, l'Équateur connaît depuis un an une vague de violences sans précédents, liée au narcotrafic. Plusieurs séries de massacres ont suscité l'indignation du public et accentuent le sentiment d'insécurité.
La dissolution du Congrès soulève également des questions sur la stabilité institutionnelle du pays et la capacité de l’exécutif à gouverner efficacement. Même si la situation est différente, de nombreux observateurs redoutent une dégradation du climat politique qui pourrait mener à une impasse similaire à celle que connaît le Pérou. Avec un taux d’approbation inférieur à 15%, il est difficile d’imaginer que Guillermo Lasso puisse prétendre à sa réélection lors du scrutin anticipé qui pourrait être organisé autour du 20 août.
Dans le reste de l’actualité
Argentine 🇦🇷
Lors d’élections locales, le parti péroniste du gouvernement à remporté trois provinces (Salta, Tierra del Fuego, La Pampa). Ces élections ont consolidé la position du péronisme en Argentine. (CNN)
La Cour suprême argentine a suspendu les élections des gouverneurs prévues dans les provinces de Tucuman et San Juan, invoquant l'inconstitutionnalité des candidats pro-gouvernement de centre-gauche. Cette affaire reflète les tensions persistantes entre l'exécutif et la justice en Argentine. (Le Figaro)
L'inflation en Argentine a atteint 109% en avril, dépassant largement les prévisions des analystes et suscitant la colère des consommateurs. Le taux d'inflation mensuel en avril était de 8,4%, bien au-dessus des prévisions de 7,5% des analystes. La situation économique fragile de l'Argentine a été aggravée par une sécheresse historique et une volatilité du marché des changes, ce qui a dégradé les réserves étrangères et complique la tâche du gouvernement qui doit toujours rembourser un prêt de 44 milliards de dollars accordé par le FMI. (Reuters)
Brésil 🇧🇷
L’Ibama, l’organisme régulateur des questions environnementales, a rejeté un projet pétrolier de Petrobras en Amazonie. Cette décision révèle des tensions au sein de la coalition du président Lula entre les défenseurs de l'environnement et ceux qui accordent la priorité au développement économique. La décision d'Ibama met effectivement fin à tout développement futur des ressources pétrolières inexplorées à l'embouchure du fleuve Amazone, malgré les intentions déclarées de Petrobras (Reuters). Petrobras devrait cependant reformuler sa demander auprès de l’Ibama (O Globo).
En souhaitant reformer le droit du travail et la privatisation des services d’eau et d’assainissement, Lula a provoqué quelques interrogations parmi les investisseurs. Arthur Lira, conservateur et figure influente de Brasília en tant que président de la chambre basse, a assuré que les députés s’opposeraient à un retour en arrière sur ces questions et souhaitaient au contraire défendre les mesures visant à dynamiser l'économie brésilienne. Les remarques de Lira sont un avertissement à l'administration de Lula, qui ne dispose pas d'une majorité au congrès et qui dépend du bloc de centre-droit dirigé par Lira pour faire passer des lois. (Financial Times)
Embraer et Saab ont inauguré une ligne de production commune d'avions de combat Gripen au Brésil. Dans le cadre de cet accord, 15 avions seront produits dans l'usine d'Embraer à Gaviao Peixoto, à partir de 2025. Le Brésil explore également la possibilité que la Suède achète l'avion de transport militaire KC-390 d'Embraer dans le cadre d'un potentiel accord d'achat supplémentaire de modèles Gripen. Saab envisage quant à elle d'exporter des Gripen à partir de cette nouvelle ligne de production au Brésil, ouvrant ainsi la voie à de futurs marchés en Amérique latine et ailleurs. (ZoneBourse)
Chili 🇨🇱
Le Chili a connu une croissance économique pour le deuxième trimestre consécutif mais la reprise reste timide. Le PIB a augmenté de 0,8 % au premier trimestre. La banque centrale estime que les prix à la consommation élevés continuent à entraver une croissance "durable" à court terme. Elle a maintenu le taux d'intérêt directeur à 11,25 % mais les analystes prévoient une baisse à 9,75% d’ici 5 mois. (Reuters)
Lors d’élections visant à composer le Conseil chargé d’écrire la nouvelle Constitution, c’est le Parti Républicain (droite conservatrice) qui a gagné le plus de sièges. Alors qu’il était opposé à ce projet de nouvelle Constitution, le Parti Républicain a obtenu 22 sièges sur 50 et disposera d’une majorité relative pour mener les débats. (Le Point)
Colombie 🇨🇴
Le gouvernement colombien a suspendu un cessez-le-feu national avec le groupe armé Estado Mayor Central (EMC) dans certaines provinces, à la suite du meurtre de quatre adolescents. Il s'agit d’un nouveau coup d’arrêt pour le président Gustavo Petro qui cherche à conclure des accords de paix ou de reddition avec des groupes armés afin de mettre fin à six décennies de conflit dans le pays. (Cambio Colombia)
Ecopetrol, la plus grande entreprise colombienne et principal producteur de pétrole, a annoncé une baisse de 14 % de son bénéfice net au premier trimestre en raison de la baisse des prix du pétrole et de coûts de vente plus élevés. Malgré cela, le PDG de l'entreprise, Ricardo Roa, a déclaré qu'Ecopetrol serait plus agressive dans l'exploration pétrolière en vertu des contrats existants. Le gouvernement colombien a appelé les compagnies pétrolières à tirer le meilleur parti des contrats existants, car aucune nouvelle licence ne sera accordée. (Reuters)
Equateur 🇪🇨
L'Équateur et la Chine ont signé un accord de libre-échange qui permettra au pays sud-américain d'accéder à un marché de 1,4 milliard de personnes. Plus de 90% des produits équatoriens entreront sur le marché chinois sans droits de douane, tandis que des barrières restent en place pour plus de 800 produits. Cet accord devrait ouvrir de nouvelles perspectives pour la coopération économique et commerciale entre les deux pays. (MercoPress)
Mexique 🇲🇽
Les prix à la consommation au Mexique ont chuté plus que prévu au cours de la première quinzaine de mai (-0,32%), entraînant l'inflation annuelle à son plus bas niveau en 20 mois. L'inflation globale sur 12 mois a atteint 6,00 %, son niveau le plus bas depuis septembre 2021. (Reuters)
Le gouvernement mexicain a déployé l’armée pour réquisitionner une section de chemin de fer exploitée par la compagnie privée “Grupo Mexico Transportes”. Une mesure “temporaire” et “dans l'intérêt public” selon le gouvernement, qui souhaite rénover cette partie du réseau ferroviaire près de Tehuantepec. La décision a provoqué la colère du groupe privée et a été sanctionnée par la Cour suprême du Mexique. Le président AMLO a assuré que l’entreprise serait compensée pour cette expropriation. (Al Jazeera)
La Cour Suprême du Mexique a invalidé une partie de la réforme électorale soutenue par le président Andrés Manuel López Obrador, ce qui augmente les tensions entre l'exécutif et la plus haute juridiction. La Cour suprême a considéré que le législatif avait violé le processus réglementaire en adoptant les modifications en moins de 24 heures, sans que les députés de l'opposition aient connaissance préalablement des propositions. Les arguments avancés par les juges prédisent également l'annulation de la deuxième partie de la réforme électorale, qui est toujours en discussion devant la Cour. (Los Angeles Times).
Pérou 🇵🇪
La monnaie nationale du Pérou, le sol, connaît une relative stabilité parmi les marchés de change latino-américains, atteignant son niveau le plus fort en un an la semaine dernière à 3.665 soles pour un dollar. La monnaie péruvienne est l'une des plus stables de la région parmi les pays de grande et moyenne taille, avec une faible dépréciation depuis l'an 2000 et une hausse de près de 3% depuis fin décembre 2022. (Reuters)
American Lithium a obtenu l'autorisation du gouvernement péruvien pour explorer de nouvelles réserves de lithium près de ses projets actuels dans le pays. La société détient actuellement deux projets dans la région sud-est du pays, près de la frontière bolivienne. La production de cette mine devrait commencer en 2026, avec une capacité initiale prévue de 4 000 tonnes par an. Le Pérou, qui ne produit actuellement pas de lithium, envisage de développer sa propre production de batteries au lithium suite à la nationalisation des ressources de lithium au Chili. (Mining Technology)