Venezuela : entre espoir démocratique et risque d’escalade

Alors que le combat démocratique de Maria Corina Machado a été reconnu sur la scène internationale, la crise vénézuélienne semble entrer dans une phase de confrontation directe.

La leader de l’opposition vénézuelienne Maria Corina Machado s’est vue attribuée le Prix Nobel de la Paix pour son combat pour la démocratie. Photo : Mathis Delacroix / AP


La leader de l’opposition vénézuelienne Maria Corina Machado s’est vue attribuée le Prix Nobel de la Paix pour son combat pour la démocratie - Photo : Mathis Delacroix / AP

Le courage de Maria Corina Machado récompensé

María Corina Machado, leader de l'opposition issue de la société civile, a reçu le Prix Nobel de la Paix 2025 alors qu'elle vit dans la clandestinité au Venezuela. Le Comité Nobel norvégien a salué son « courage civique » et sa contribution à « maintenir la flamme de la démocratie allumée face à une obscurité croissante ». Ce prix est une reconnaissance de sa lutte pour une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie.

Pour de nombreux Vénézuéliens, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, ce prix récompense leur propre lutte, menée depuis 2013 malgré d'énormes coûts humains. La lauréate a souligné la nature pacifique de leur résistance, rappelant que les manifestations pacifiques ont souvent été accueillies par des coups de feu, des assassinats et des emprisonnements brutaux. Leader de l’opposition, Machado avait été disqualifiée par le régime de Maduro. Elle avait laissé sa place pour les élections présidentielles de juillet 2024 à Edmundo Gonzalez, aujourd’hui exilé en Espagne malgré sa victoire dans les urnes. Malgré la répression accrue et les mandats d'arrêt lancés contre elle et ses partisans depuis les élections de 2024, Maria Corina Machado continue de travailler depuis le Venezuela et d’incarner « l’espoir d’un futur différent ». 

La pression américaine s’intensifie

La position de Washington au Venezuela s’est durcie ces derniers mois. Le président Donald Trump souhaite mettre la pression sur le régime de Nicolas Maduro. Il a récemment confirmé avoir autorisé la CIA à mener des actions clandestines au Venezuela, justifiant cette décision par la nécessité de stopper le flux de drogues et de migrants illégaux vers les États-Unis.

Depuis début septembre, les États-Unis ont attaqué au moins une demi-douzaine d'embarcations dans le sud des Caraïbes, affirmant qu'elles transportaient de la drogue. L’affrontement pourrait même aller plus loin puisque Donald Trump a évoqué la possibilité d’une intervention militaire au sol pour toucher directement les réseaux de narcotrafic. En réalité, la pression de Washington sur Caracas fait avant tout partie d’une stratégie basée sur la sécurisation de sources d’approvisionnement en pétrole.

Machado elle-même a qualifié le régime de Maduro de structure criminelle transnationale, impliquée dans le narcoterrorisme, le trafic d'or, de minerais et d'armes. Dans une interview au Grand Continent, elle affirme que le Venezuela est devenu “la plaque tournante du crime mondial”, avec la présence d'agents russes, cubains et iraniens. Elle insiste sur le besoin d'alliés internationaux, à commencer par le gouvernement des États-Unis et le président Trump, pour confronter le régime à une menace réelle. Face à cette pression, le régime de Maduro a annoncé la mobilisation de troupes et des préparatifs pour déclarer l'état d'urgence en cas d'attaque

Crise humanitaire et enjeux géopolitiques

Le Venezuela, autrefois le pays le plus riche d'Amérique latine, est aujourd'hui confronté à l'une des pires crises humanitaires mondiales, hors contextes de guerre.

La crise migratoire est l'enjeu humain le plus visible : près de huit millions de personnes ont fui le pays en une décennie, un exode qui rivalise avec celui de la Syrie. Ceux qui restent vivent dans des conditions similaires aux zones de guerre, avec un effondrement des systèmes de santé et une faim généralisée. 40 % de la population souffre d'insécurité alimentaire modérée à sévère. L'effondrement économique a été brutal, le PIB ayant chuté de 74 % entre 2014 et 2020.

Si Washington choisit l'escalade militaire, une nouvelle vague de déplacement pourrait s'ensuivre, aggravant une situation déjà critique. Une transition pacifique reste le scénario optimal, permettant un déblocage de l'accès humanitaire et un redressement économique. Comme l’affirme Maria Corina Machado, Nicolas Maduro doit comprendre que « avec ou sans négociation, le temps est venu de rendre le pouvoir »

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